ENS LSH - Colloque - Pour une histoire critique et citoyenne, le cas de l’histoire franco-algérienne

Pour une histoire critique et citoyenne
Le cas de l’histoire franco-algérienne

20, 21, 22 juin 2006


ROUINA Miloud Karim

Université d’Oran

Radioscopie du Front de libération nationale à Oran durant la Guerre de Libération nationale

Session thématique « La guerre d’indépendance algérienne (1954-1962) »

Mercredi 21 juin 2006 - Après-midi - 14h00-16h00 - Salle F 106

Résumé de la communication

Il s’agit de saisir la dynamique du Front de libération nationale - FLN - à Oran durant la Guerre de libération : méthodes, organisation, composition du Front dans son évolution au cours de la guerre.

1. Méthodes d’action

Les méthodes des fida’iyyn sont, d’un bout à l’autre de la guerre, radicales. Au début, le FLN compte, par le sang et la peur, secouer la léthargie des masses. De novembre 1954 à l’été 1956, trois types d’actions sont surtout menées : sabotages, manifestations puis prohibitions diverses. Ensuite, l’action est surtout dirigée contre les personnes, soit par intimidation, rançonnement, exécution, soit par collaboration ou enrôlement. Le FLN abattra tour à tour les traîtres, les élus, les Européens liés au colonialisme, les membres des corps militaires et paramilitaires. Le FLN visera également les lieux publics. Les exécutions de traîtres ne cesseront jamais durant la guerre.

2. Organisation

Elle est horizontale - géographique - et verticale - de fonction. La structuration du terrorisme est antérieure au congrès de la Soummam (août 1956). Celui-ci lui donne une forme définitive. À la veille du cessez-le-feu, à l’instar d’Alger, la ville est érigée en zone autonome - ZAO - divisée en neuf secteurs. Le chef de la zone autonome d’Oran sera Djelloul Nemmiche, dit « capitaine Bakhti ». Ce schéma est purement théorique. La réalité est fort différente : Oran est l’objet d’âpres disputes entre factions opposées.

Les collectes de fonds donnent lieu à des remises de bons d’aide dits « bayân » à ceux qui paient. Rares seront ceux qui refuseront de payer. Ils seront abattus.

3. Composition

Pour cerner le personnage du fida’iyy, souvent d’origine modeste, il est utile de définir sa fonction. « Le fidaï est soldat. Mais c’est un soldat installé au cœur même du dispositif ennemi [...]. Le fidaï fixe et immobilise de grandes unités dans les centres [...]. L’importance du fidaï réside surtout dans le climat d’insécurité que son action fait régner dans les centres urbains [...]. Le fidaï, [est] toujours volontaire lorsqu’il est choisi pour abattre un ennemi. » [1] C’est un croyant, patriote fervent, pénétré de la justesse de sa cause. À de très rares exceptions près, il n’a aucune formation politique.

La communication s’achèvera par une évaluation de l’importance numérique du FLN d’Oran. En retenant le chiffre de 1 350 fidayïn engagés à Oran de novembre 1954 à juin 1961 [2] , il apparaît que seulement 0,79 % de la population algérienne oranaise a directement participé à un attentat terroriste. L’action violente n’a pas créé de dynamique de masse. Elle est restée une forme de guérilla limitée.

Bibliographie

-  Benbkheda Benyoucef, Contribution à l’historique du FLN, Alger, avril 1964, 10 p. ronéot.

-  Benoit Philippe, Évolution de la pensée économique du FLN, Aix-en-Provence, DES d’études politiques, 1964.

-  Benzini Monique, Contribution à la lecture d’El Moudjahid, organe central du FLN (1956-1962), Université Panthéon-Sorbonne-Paris I , thèse de doctorat, 1977.

-  Bergot Erwan, Le dossier rouge : services secrets contre FLN, Paris, Grasset, 1976, 2e édition, Presses de la Cité, 1980.

-  Bourboune M., Le FLN naissance, avatars, palinodies. Action politique, mai-juin 1972 p. 10-25.

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-  Crenshaw-Hutchsinson Martha, Revolutionary Terrorism : the FLN in Algeria 1954-1962, Stanford, Hoover Institution Press, 1978.

-  Driouchi Mohamed, L’évolution des conflits au sein du FLN de 1956 à 1962, Université Panthéon-Sorbonne-Paris I, DES de sciences politiques, 1974.

-  Duchemin Jacques, Histoire du FLN, Paris, La Table Ronde, 1962.

-  Fitte Albert, Spectroscopie d’une propagande révolutionnaire « El Moudjahid » des temps de guerre : juin 1956-mars 1962, Université Montpellier 3, thèse d’État, 1973.

-  Fouchet Christiane, Le FLN et la guerre d’Algérie. Essai de mise au point, Nice, DES de lettres, 1969.

-  Harbi Mohamed, Le FLN mirage et réalité, des origines à la prise du pouvoir (1945-1962), Paris, Éditions Jeune Afrique, 1980.

-  « La guerre d’Algérie », Historia, du n° 193 (1971) au n°371 (1974).

-  Israel Gérard, Le dernier jour de l’Algérie française, Paris, Robert Laffont, 1972.

-  Lebjaoui Mohamed, Vérités sur la révolution algérienne, Paris, Gallimard, 1970.

-  Maigron Philippe, Structures et organisations du FLN, Aix-en-Provence, DES de sciences politiques, 1963.

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-  Lepoirier L., « Un instrument de guerre subversive : le FLN », Revue militaire d’information, janvier 1958, p. 69-92.

-  Rouina Miloud Karim, Essai d’étude comparative de la Guerre d’indépendance de l’Algérie (1954-1962) à travers deux villes : Oran et Sidi Bel Abbés, Université Montpellier 3, thèse de doctorat, 1980.

-  Trima Mohamed Béchir, Le Front de libération nationale Algérien à travers son organe central « El Moudjahid » (1956-1962), Paris, thèse de doctorat, 1973.

-  Gouverneurs Généraux de l’Algérie, 1830-1962, avec date de nomination.

Notes

[1] El-Moudjahid, n° 9 (1), 20 août 1957, p. 106.

[2] Ce chiffre est avancé par de nombreux fidayïn et il semble le plus vraisemblable, une fois les journaux locaux compulsés. La dernière année de la guerre - juillet 1961 à juin 1962 - a été exclue car le déchaînement de l’OAS obligera chaque individu à se mobiliser pour sa propre survie. L’issue de la guerre ne faisant plus de doute, beaucoup rejoindront le FLN.



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