ENS LSH - Colloque - Pour une histoire critique et citoyenne, le cas de l’histoire franco-algérienne

Pour une histoire critique et citoyenne
Le cas de l’histoire franco-algérienne

20, 21, 22 juin 2006


HOUSE Jim et MAC MASTER Neil

Université de Leeds (Grande-Bretagne)

Bilan du 17 octobre 1961

Session thématique « Résistances anticoloniales et nationalisme : 1954-1962 »

Mercredi 21 juin 2006 - Après-midi - 14h00-16h00 - Amphithéâtre

Résumé de la communication

Afin de comprendre la répression de la manifestation algérienne du 17 octobre 1961 à Paris, il faut remonter beaucoup plus loin en amont de cet événement et étudier le transfert des méthodes répressives forgées en Algérie et d’autres contextes coloniaux avant leur pratique en région parisienne. En effet, si la manifestation constitue un boycott du couvre-feu, elle s’oppose à un dispositif répressif beaucoup plus vaste qui atteint son paroxysme en métropole à partir d’août 1961.

Comprendre les réactions face à cette répression nécessite une analyse des rapports entre la gauche française et le Front de libération nationale - FLN -, entre la Fédération de France du FLN et le Gouvernement provisoire de la République algérienne, et entre communistes et non-communistes, en même temps qu’une étude de l’opinion publique en métropole. Tous ces facteurs ont pesé également sur la disparition rapide de la visibilité de cette répression dès novembre 1961, qui sera complétée par Charonne et sa commémoration.

L’histoire de la mémoire du 17 octobre permet une mise en perspective de multiples formes mémorielles tant publiques que privées. Elle exige également une interrogation sur les stratégies mémorielles des manifestants qui ont longtemps gardé le silence dans un contexte politique, social et culturel peu propice à la prise de parole publique, voire à la transmission familiale, avant que d’autres générations ne se réapproprient cet événement qui va « renaître » dans les années 1980 dans un tout autre contexte.

Faire l’histoire du 17 octobre, c’est surtout étudier la complexité des logiques des acteurs et actrices de cet épisode franco-algérien à travers les archives d’État, les archives privées et l’histoire orale. C’est aussi en tirer des conclusions plus générales sur la répression coloniale et son occultation et les mémoires postcoloniales pour permettre des comparaisons avec d’autres luttes de décolonisation et leurs séquelles.

Publications

-  House Jim, (2001) « Antiracist memories : the case of 17th october in historical perspective », Modern and Contemporary France, 9 (3), août 2001, p. 355-368.

-  House Jim, « Répression, surveillance, contrôle et encadrement des migrations coloniales : une décolonisation difficile (1956-1970) », Bulletin de l’Institut d’histoire du temps présent, 83, 2004, p. 144-156.

-  House Jim et Mac Master Neil (2002), « Une journée portée disparue : the Paris massacre of 1961 and memory », in Crisis and Renewal in Twentieth Century France, M. S. Alexander et K. Mouré, Oxford-Providence, Berghahn Press, p. 267-290.

-  House Jim et Mac Master Neil, Paris 1961 : Algerians, State Terror and Post-colonial Memories, Oxford, Oxford University Press, (à paraître).

-  Mac Master Neil, Colonial Migrants and Racism : Algerians in France, 1900-1962, Basingstoke, Macmillan, 1997.

-  Mac Master Neil et House Jim, « La Fédération de France du FLN et l’organisation de la manifestation du 17 octobre 1961 », Vingtième siècle. Revue d’histoire, 83, juillet-septembre 2004, p. 145-160.



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