ENS LSH - Colloque - Pour une histoire critique et citoyenne, le cas de l’histoire franco-algérienne

Pour une histoire critique et citoyenne
Le cas de l’histoire franco-algérienne

20, 21, 22 juin 2006


FERJANI Cherif

Université Lumière-Lyon 2, CNRS, Groupe de recherche et d’études sur la Méditerranée et le Moyen-Orient

Le religieux dans la société algérienne contemporaine

Session thématique « Religions et statuts personnels »

Mardi 20 juin 2006 - Après-midi - 14h30-16h30 - Salle F 106

Résumé de la communication

Pour comprendre le rôle du religieux dans l’Algérie contemporaine, il est important de rappeler l’évolution du paysage religieux dans ce pays à partir du XIXe siècle.

Après une longue période de coexistence de confessions - islam et judaïsme, particulièrement - et de formes de religiosités différentes - islam des ‘ulamâ’, particulièrement dans les centres urbains dotés de vieilles institutions religieuses, où l’on distinguait les tenants de l’orthodoxie malikite à côté du hanafisme introduit par les Ottomans dans les villes où ils étaient présents, l’islam des marabouts et des confréries qui s’en réclamaient, l’islam populaire -, la colonisation est venue bousculer les équilibres traditionnels : le décret Crémieux affectant les relations entre juifs et musulmans, l’avènement d’une importante communauté chrétienne, essentiellement catholique, favorisée par, et soutenant la domination coloniale, la volonté de l’administration coloniale de mettre fin à la grande diversité des juridictions locales - liée à la diversité confessionnelle mais aussi à l’incidence, dans ce domaine des différences entre les coutumes des communautés tribales, ethniques et villageoises - en s’appuyant sur les ‘ulamâ’, au détriment des représentants des autres formes de religiosités, et sur les codes élaborés sous le nom de « droit musulman », le refus d’appliquer aux « musulmans » le régime de séparation adopté depuis la IIIe République, etc., ont été des facteurs qui ont pesé sur le devenir du religieux et dans le mouvement de libération nationale et dans la société algérienne après l’indépendance.

De même, le « désenchantement national » engendré par l’échec des politiques de développements depuis l’indépendance, et le recours à l’instrumentalisation de la religion comme moyen de légitimation politique pour les uns, de contestation et d’affirmation identitaire pour les autres, ont contribué à rendre plus important et plus complexe le rôle du facteur religieux dans une société qui a perdu ses repères profanes.



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