ENS LSH - Colloque - Pour une histoire critique et citoyenne, le cas de l’histoire franco-algérienne

Pour une histoire critique et citoyenne
Le cas de l’histoire franco-algérienne

20, 21, 22 juin 2006


MOHAND AMER Amar

Université Paris VII-Denis Diderot

Le Front de libération nationale à l’été 1962 : le pourquoi d’une crise

Session thématique « Pouvoirs d’États et États »

Mardi 20 juin 2006 - Matin - 9h45-11h45 - Salle F 106

La crise de l’été 1962 n’est pas un épiphénomène historique, c’est l’aboutissement logique et objectif des différents soubresauts qu’a connus le Front de libération nationale (FLN) depuis sa création à l’automne 1954. Chronologiquement, la crise de l’été 1962 recouvre les événements qui s’étaient déroulés entre la nuit du 6 au 7 juin 1962 - interruption des travaux de la cinquième et dernière session du Conseil national de la révolution algérienne (CNRA) à Tripoli en Libye - au 5 septembre 1962 - date du cessez-le-feu conclu entre les forces de l’armée des frontières appuyées par les wilâyas 1, 5, 6 et un groupe dissident de la wilâya 2, et les maquisards de la wilâya 4 soutenus par ceux de la wilâya 3.

Avant d’aborder cette période, il est primordial de revenir sur les différentes étapes par lesquelles était passé le FLN, et plus particulièrement, par celles où il eut à affronter des crises majeures qui avaient failli l’ébranler, bien avant, la fatidique session du CNRA de Tripoli. La crise de l’été 1962 fut inévitable car d’importantes dissensions couvaient au sein du FLN. Les derniers mois de la guerre pour l’indépendance de l’Algérie avaient fait voler en éclat l’unité, tant sanctifiée, du Front de libération nationale-Armée de libération nationale (ALN). L’implosion du FLN historique à l’été 1962 fut le résultat des nombreuses crises qui marquèrent l’histoire du FLN l’empêchant, ainsi, de construire un parti homogène et idéologiquement structuré. Les événements de l’été 1962 mirent en exergue la complexité des rapports de forces qui existaient au sein du FLN à la suite de l’avènement de nouvelles forces politiques et militaires candidates à prendre le relais. La crise de l’été 1962 fut aussi une période tragique, les maquisards de l’ALN durent s’affronter entre eux et beaucoup y laissèrent leurs illusions et d’autres leurs vies.

Le Front de libération nationale où la difficulté de construire un parti

Le FLN est né de la grave crise qui provoqua la fin du Parti du peuple algérien - Mouvement pour le triomphe des liberté démocratiques (PPA-MTLD). Sa naissance dans ces conditions particulières détermina son évolution tout au long de la Guerre de Libération nationale.

De 1954 à l’automne 1955[1], les maquisards de l’ALN durent s’organiser de manière autonome dans le cadre de leurs cinq zones respectives. La dispersion des neuf dirigeants historiques entre l’Algérie, le Maroc et l’Égypte avait privé le FLN, pendant cette période, d’une direction et d’une organisation politique nationales.

L’avènement de Ramdane Abbane à la tête du FLN permit au Front de libération de se doter des institutions militaires et politiques qui lui faisaient cruellement défaut. Abbane, tant qu’il activait en Algérie, réussit à faire du FLN une organisation politique jacobine où le national et la primauté du politique sur le militaire primaient. Toutefois, sa gestion autoritaire du pouvoir et son audace politique firent échouer son projet de rénovation du FLN. En marginalisant Ben Bella, Boudiaf et les autres chefs historiques du FLN - Aït Ahmed et Khider -, Abbane avait surévalué son influence et sous-estimé l’importance du pacte moral qui avait été scellé par ceux qui déclenchèrent la Guerre de Libération nationale au 1er novembre 1954. Abbane ne prit pas en considération le poids des résistances sociales, territoriales et tribales qui travaillaient la société algérienne.

Avec l’échec de l’expérience Abbane, le FLN perdit une occasion historique de consolider ses assises politiques et de consacrer, dans la durée, la doctrine forgée par le congrès de la Soummam.

L’assassinat d’Abbane au mois de décembre 1957 permit le retour à une conception du pouvoir basée sur les règles des allégeances régionales et des chefferies. À partir d’août 1957, le FLN fut dirigé par les trois colonels les plus puissants de l’ALN Belkacem Krim, Abdelhafid Boussouf et Lakhdar Ben Tobbal. Les trois « B » réussirent à asseoir un contrôle sans partage sur tous les organismes du Front de libération : la prééminence des militaires sur le FLN devint la règle et dura jusqu’à la libération d’Ahmed Ben Bella au mois mars 1962.

Les trois influents colonels du FLN tiraient leur force politique et légitimité révolutionnaire de l’autorité qu’ils avaient sur les wilâyas et de la subordination de leurs clientèles respectives. Dépourvus de projet politique, Krim, Boussouf et Ben Tobbal firent de la revendication de l’indépendance du pays le ferment idéologique de leur combat. Possédant l’imperium politique et militaire, les trois « B » domestiquèrent les institutions du FLN. Ainsi, le CNRA 1, qui se tint au Caire au mois d’août 1957 revint sur les principales résolutions prises au congrès de la Soummam un an auparavant. La première session du CNRA eut la particularité d’être la plus courte de l’histoire du FLN : les vingt-deux membres présents au Caire ne firent que ratifier, au cours d’une session éclair, les décisions prises, en comité restreint, par les trois « B » soutenus par les colonels Amar Ouamrane, Mahmoud Chérif, Houari Boumédiène et Amara Bouglez.

Un Comité de coordination et d’éxécution (CCE), dominé par les militaires, fut désigné et chargé de coopter un nouveau CNRA. Cette cooptation n’eut jamais lieu et le CNRA ne fut pas convoqué pendant une durée de deux années et demie. Au cours de cette longue période toutes les décisions étaient prises par le CCE 2 puis par le Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA) à partir de septembre 1958.

Le deuxième CNRA, convoqué au mois de décembre 1959 à Tripoli, fut désigné par les représentants de l’ALN - les « Dix » - qui s’étaient réunis à Tunis du 11 août au 16 décembre 1959. Le CNRA 2 était constitué par une majorité de militaires en raison de la nature du pouvoir au sein du FLN et en application du principe « tout pour le front armé ». Le CNRA 2 (16 décembre 1959-18 janvier 1960) débattit librement des problèmes du FLN et de l’ALN. D’importantes décisions furent prises à cette occasion : adoption des statuts du FLN et des institutions provisoires de la révolution algérienne, décision de faire rentrer la direction à l’intérieur du pays, contrôle plus rigoureux sur les finances du FLN, création d’un État-major général (EMG) unifié, etc.

Le CNRA, en tant que parlement du FLN, ne joua son rôle de manière démocratique et affranchie du pesant poids des trois « B » qu’à partir de cette session. Toutefois, l’espoir soulevé par le CNRA 2 de voir les nationalistes algériens régler leurs crises dans un cadre institutionnel et organisé fut de courte durée.

Les limites politiques des chefs maquisards : les trois « B »

À partir de 1960, La mainmise des trois « B » sur le FLN-ALN commença à péricliter et leur alliance montra ses limites. Les trois « B », en s’auto-neutralisant avaient créé les conditions objectives à l’avènement, sur le devant de la scène politique, d’autres forces qui agissaient à l’arrière-plan et qui aspiraient, elles aussi, à accéder au pouvoir ou du moins à le partager.

La session du CNRA de 1959-1960 et, avant elle, la réunion des dix colonels marquèrent le début du reflux de l’influence des trois « B » et, particulièrement, celle de Belkacem Krim. À Tripoli, Krim dut céder son ministère des Forces armées et accepter de siéger avec Boussouf et Ben Tobbal dans un Comité interministériel de guerre (CIG). Un état-major unifié fut créé et le colonel Boumédiène désigné à sa tête. Ce dernier choisit comme adjoints les commandants Ali Mendjeli, Ahmed Kaïd et Azzedine. L’EMG fut doté de très larges prérogatives et son champ d’action incluait aussi bien l’armée des frontières que les wilâyas. Il restait, toutefois, sous l’autorité du CIG[2].

Dans les faits, la séparation des pouvoirs entre les deux organismes, le CIG et l’EMG, ne fut pas aisée. Pour les trois « B », l’EMG ne pouvait être qu’un organisme technique dépourvu d’autorité sur les wilâyas, leur chasse gardée. Ce chevauchement des pouvoirs fut le prélude au conflit entre les trois « B » et l’EMG qui éclata, au grand jour, au mois d’août 1961.

L’État-major général, un contre-pouvoir au Gouvernement provisoire de la République algérienne

La désignation d’un commandement unifié mit de l’ordre au sein de l’ALN des frontières. Les membres de l’EMG, bien secondés par les DAF (déserteurs de l’armée française), réussirent à mettre en place une armée au sens classique du terme. Organisée et disciplinée, l’ALN des frontières aspirait à jouer un rôle de premier ordre et se revendiquait comme la garante de la pureté révolutionnaire. En revanche, la mise en place du CIG se solda par un cuisant échec. Le CIG fut un organisme fantomatique et éloigné de sa base.

L’échec du CIG et la montée en puissance de l’EMG firent évoluer les rapports de force au sein du FLN. Afin d’affirmer son autorité et marquer son opposition au GPRA, l’EMG refusa de déléguer des représentants aux premiers pourparlers d’Évian 1 (20 mai 1961). Convoqué par le gouvernement, il dut céder et délégua Ali Mendjeli et Ahmed Kaïd. Ce fut la dernière participation de l’EMG aux négociations de paix.

Moins d’un mois après, un incident militaire mit le feu aux poudres entre le GPRA et l’EMG. Le 21 juin 1961 à Aïn Mellègue, un avion français fut abattu par la DCA de l’ALN des frontières et son pilote le lieutenant Gaillard capturé. À la suite d’une demande officielle du gouvernement français, le président tunisien Habib Bourguiba exigea du GPRA la libération du pilote arguant le fait que l’avion avait été abattu sur le sol tunisien. Dans un premier temps, l’EMG opposa une fin de non-recevoir. Finalement, l’EMG recula et le lieutenant Gaillard fut remis aux autorités tunisiennes. Prenant prétexte de cet incident et de l’attitude du GPRA à son égard qu’il considéra comme vexatoire, l’EMG déposa sa démission le 15 juillet 1961 et fit parvenir au président du GPRA un long mémoire, dans lequel, il dressa une liste de doléances, où rien, ne fut épargné au gouvernement et, plus particulièrement, à Krim Belkacem : déviationnisme, non-application des décisions prises à Tripoli, corruption, vénalité, absence de contrôle sur l’utilisation des fonds, menaces contre l’EMG avec l’aide de certains colonels, embourgeoisement, alliance Krim-Bourguiba contre l’EMG, etc.[3]

Comment interpréter la décision de l’EMG de démissionner alors que la guerre n’était pas encore finie et que les pourparlers de paix avec les Français traversaient une phase difficile ? En se déchargeant de leur responsabilité à la tête de l’EMG, Boumédiène, Mendjeli, Kaïd et Azzedine voulaient faire pression sur le GPRA et le CNRA à l’instar des colonels Amirouche, Haouès, Si M’hamed et Hadj Lakhdar en décembre 1958. En choisissant la confrontation, les membres de l’EMG cherchaient aussi à se positionner politiquement. La démission de l’EMG fut, en réalité, un leurre, dans la mesure où, quelques jours avant qu’il eût annoncé sa décision au GPRA une réunion regroupant les principaux officiers de l’ALN des frontières eut lieu à Ghardimaou. Au cours de cette rencontre, un comité provisoire chargé d’assurer l’intérim en l’absence provisoire des chefs de l’EMG fut désigné par Boumédiène[4]. L’appui des officiers de l’ALN des frontières à leurs dirigeants fut total et sans équivoque. Le 28 juillet 1961, dix jours après la démission des quatre membres de l’EMG, et à la veille de l’ouverture des travaux du CNRA, les officiers de l’ALN à la frontière ouest prirent position officiellement en dénonçant fermement le GPRA et en apportant leur soutien à leurs chefs. Les griefs des officiers de l’ALN Ouest contre le GPRA rejoignaient ceux de l’EMG : hostilité du GPRA envers l’ALN, critique du mode de vie « bourgeois » des dirigeants de Tunis, diplomatie « au hasard des événements », faiblesse devant les Marocains et les Tunisiens, etc.[5] Dans sa guerre déclarée contre les trois « B », l’EMG ne pouvait compter que sur son armée stationnée le long des frontières est et ouest et sur les hommes et les officiers de la wilâya 5 dont le poste de commandement (PC) se trouvait au Maroc et dont Boumédiène fut le commandant en chef d’août 1957 à avril 1958. En cet été 1961, l’EMG n’avait pas encore réussi à constituer un réseau d’alliances politiques solides au sein du GPRA et du CNRA

C’est dans ce contexte de conflit entre le GPRA et l’EMG que la troisième session du CNRA s’ouvrit à Tripoli (9-27 août 1961). Face à ses adversaires, l’EMG démissionnaire joua la carte du soutien de l’ALN des frontières. Ainsi, en pleins travaux du CNRA 3, les officiers de l’ALN des frontières de l’Est, votèrent, le 17 août 1961, une résolution, dans laquelle, ils exprimèrent leur total appui à l’EMG et condamnèrent les « criminelles manœuvres tendant à opposer les combattants de l’intérieur à ceux des frontières » qu’ils comparèrent (manœuvres) à ceux des services psychologiques de l’armée française[6].

Face à cette nouvelle crise au sommet, le CNRA d’août 1961 fut incapable de redresser la situation. Un compromis fut trouvé avec la désignation de Benyoucef Ben Khedda comme nouveau président du GPRA à la place de Ferhat Abbas. En contrepartie de sa nomination comme président du Conseil, Ben Khedda abandonna son projet, défendu depuis 1959, de créer un bureau politique au-dessus du GPRA. La constitution de deux organismes à la tête du FLN était aussi une des revendications de l’EMG. Proposée au vote, par les membres de l’EMG, la résolution n’eut pas l’approbation du CNRA. Désavoués par leurs pairs, Houari Boumédiène, Ahmed Kaïd et Ali Mendjeli quittèrent Tripoli avant la fin des travaux et trouvèrent refuge en Allemagne au sein de la Fédération du FLN de France. Quant au quatrième membre de l’EMG, le commandant Azzedine, il se désolidarisa d’eux.

La troisième session du Gouvernement provisoire de la République algérienne : un gouvernement en sursis

Dans le but d’imposer son autorité sur le FLN et de contrôler ses adversaires, Ben Khedda, en politicien averti, choisit de s’attaquer individuellement à ses opposants au sein du GPRA en commençant par Ben Tobbal qu’il considérait comme le maillon faible. Il exigea le départ de ce dernier du gouvernement, mais sa demande s’était heurtée au refus de Krim et Boussouf[7]. Finalement, Ben Tobbal demeura au GPRA mais sans portefeuille.

Quant à l’armée des frontières, Ben Khedda privilégia une approche basée sur une alliance dans le but de contrer les trois « B ». D’après Belaïd Abdesslam, qui occupait la fonction de conseiller du président du Conseil, Boumédiène aurait assuré à Ben Khedda un total appui si ce dernier réussissait à réduire l’influence des trois « B » sur le FLN et l’ALN. « Si tu es un homme : liquide le trio et l’armée sera derrière toi » lui aurait déclaré le chef de l’EMG[8]. Malgré cette proposition, les relations entre l’EMG et Ben Khedda n’étaient pas empreintes de confiance. Boumédiène, Mendjeli et Kaïd n’avaient pas foi dans le nouveau président du GPRA en raison de sa renonciation, lors du CNRA, à son projet de constituer un BP et son acceptation de la charge de chef de gouvernement. Krim, de son coté, tenta aussi de rallier Boumédiène à sa cause en lui proposant le grade de général. Le chef de L’EMG déclina l’offre et ébruita l’affaire[9]. La sollicitation dont fit l’objet l’EMG par Ben Khedda et Krim était révélatrice du profond mal qui rongeait le FLN : le GPRA était un gouvernement à la dérive, l’EMG, démissionnaire, une force en pleine ascension et les trois « B » vivaient une période de fin de règne.

À la suite de l’échec de son rapprochement avec l’EMG, Ben Khedda prit la décision de réunir les officiers de l’ALN des frontières et leur annonça l’installation d’un comité intérimaire formé d’hommes choisis par eux afin de gérer provisoirement les affaires militaires. Les officiers sollicités refusèrent[10]. Face à cette situation, Ben Khedda décida de jouer la carte de la fermeté et tenta d’associer, à son action, les wilâyas de l’intérieur. Le 22 septembre 1961, dans une circulaire adressée aux chefs de wilâyas, Ben Khedda les informa des nouvelles dispositions prises par le GPRA concernant l’organisation de l’ALN : l’EMG était remplacé par deux directions militaires, une à l’Ouest et l’autre à l’Est. Il fut demandé aux chefs de wilâyas de ne plus obéir aux ordres de l’EMG. Les directives de Ben Khedda ne furent pas prises en considération. Les maquis de l’intérieur, asphyxiés par les barrages Challe et Morice, et affaiblis par l’offensive Challe, étaient dans une situation précaire. La décision de Ben Khedda de supprimer l’EMG n’eut pas d’effet chez les chefs des wilâyas en raison aussi de l’absence de soutien au chef du GPRA de la part des trois « B ». Les wilâyas, mal informés de ce qui se tramait en Tunisie et au Maroc, ne prirent la mesure du conflit GPRA-EMG qu’après le cessez-le-feu et la venue des émissaires des deux parties dans les maquis. D’un autre coté, avec un CIG inexistant dans les faits et un EMG démissionnaire, l’ALN n’avait plus de commandement militaire.

Le 24 septembre 1961, les officiers de l’ALN des frontières Ouest réitérèrent leur soutien à leurs chefs et se firent les porte-parole de l’EMG contre le CNRA et le nouveau GPRA. Ils dénoncèrent le maintien par le CNRA des mêmes structures - le GPRA - et justifièrent le départ des trois membres de l’EMG de Tripoli avant la fin des travaux du CNRA par leur refus de ne cautionner « aucune forme de direction qui peut paraître contraire au dynamisme et à l’intérêt suprême de la révolution ». Les officiers de l’ALN des frontières Ouest refusèrent de reconnaître le nouveau GPRA car constitué, selon eux, « en l’absence et contre la volonté des représentants authentiques de l’armée »[11].

Le GPRA, sous la direction de Ben Khedda s’était avéré, dès le départ, un gouvernement divisé et non viable. Ben Khedda n’avait le soutien ni des membres de son gouvernement, ni des politiques - en dehors de certains centralistes -, ni des wilâyas et ni des cinq chefs historiques emprisonnés. Sa désignation comme président du GPRA avait seulement réussi à empêcher Krim de succéder à Abbas et à éviter au FLN d’imploser à la suite de la fronde de l’EMG. Contrairement à Abbas, Ben Khedda ne jouissait pas d’un prestige national et d’une notoriété internationale. Dans ces conditions, Ben Khedda, ne pouvait compter que sur son allié de toujours Saâd Dahlab et un nombre réduit de ses partisans.

Après l’échec de son projet de créer deux états-majors à l’Est et l’Ouest, Ben Khedda prit la décision de nommer le capitaine Moussa - plus connu sous le nom de commandant Moussa[12] - comme nouveau chef d’état-major. Le capitaine Moussa était estimé en Oranie, où sous le nom de guerre de Si Mourad, il avait réussi plusieurs opérations contre l’armée française dans le djebel Amour[13]. Il avait occupé aussi, aux frontières tunisiennes, la fonction de commandant du CDF[14].

Le capitaine Moussa arriva au Maroc au début de l’automne 1961 et prit contact avec les officiers de l’ALN des frontières dans le but de les détacher de l’EMG et d’affirmer l’autorité du GPRA et de son président. Il ne fut suivi que par quelques-uns des cadres de l’armée. La majorité des officiers restèrent loyaux à leurs chefs démissionnaires et s’opposèrent au représentant du gouvernement. Contrairement à Zoubir, le capitaine Moussa ne pouvait, dans son entreprise contre l’EMG, s’appuyer sur des centaines d’hommes. Sa mission, dans ce cas, était vouée inexorablement à l’échec. Malgré le refus des officiers de l’ALN des frontières de le suivre, le capitaine Moussa ne s’avoua pas vaincu. Il demanda au GPRA un ordre écrit afin d’arrêter le colonel Boumédiène pour désertion et insubordination[15]. Ben Khedda inquiet de la tournure que prit l’opération se rétracta et mis, tous ceux qui crurent dans sa volonté de sanctionner l’EMG, dans une situation dangereuse. Dans un courrier à la teneur défaitiste, daté du 18 octobre 1961, qu’il adressa au capitaine Moussa, le président du GPRA mis fin, de facto, à sa mission[16].

La crise Moussa avait conforté la position de l’EMG, consolidé son autorité sur l’armée des frontières et donné crédit à toute la propagande faite par l’EMG sur la volonté du gouvernement de saborder l’ALN des frontières. Boumédiène répétait aux djounouds qu’il n’accepterait pas qu’ils soient sacrifiés après l’indépendance comme ce fut le cas en Tunisie[17].

À la suite de cette affaire, l’EMG s’affranchit de toute tutelle. Le 1er novembre 1961, il rompit officiellement avec le CIG et appela ses cadres à ne reconnaître aucune autorité autre que la sienne, et de ne plus faire mention du sigle CIG dans leurs correspondances[18]. Au mois de décembre 1961, les membres de l’EMG se tournèrent vers les leaders du FLN emprisonnés. Leur objectif était d’associer un historique - en dehors de Krim - à leur projet de constituer une nouvelle direction du FLN dont la base serait l’ALN des frontières. Ils déléguèrent, à ce sujet, Abdelaziz Bouteflika au château d’Aulnoy afin de sonder Boudiaf. Le refus de ce dernier fut ferme et catégorique. La solution de rechange était Ben Bella qui accepta. À partir de cette date, les rapports de force au sein du FLN évoluèrent au profit de la nouvelle alliance Ben Bella-EMG.

Au début 1962, Krim tenta une ultime action afin de rétablir l’autorité du GPRA sur l’EMG. Une réunion gouvernementale décisive fut organisée les 16 et 17 janvier 1962. Faute de compromis, aucune décision importante ne fut prise. Krim et Mohammedi qui avaient demandé à ce que l’EMG soit remplacé et ses membres arrêtés et traduits en justice (Mohammedi) ne furent pas suivis[19].

Au mois de février 1962, le CNRA fut convoqué afin de donner son approbation au gouvernement au sujet des négociations de paix. Le CNRA 4 (22 au 22 février 1962) débuta sous le signe de la méfiance. Au premier jour, les membres de l’EMG exigèrent de contrôler minutieusement la validité des procurations. La confiance dans le GPRA et dans le bureau du CNRA n’était plus de mise et chaque voix devenait précieuse, particulièrement, celles des membres des conseils wilâyas. Les membres de l’EMG posèrent des questions sur tout ce qui concernait l’ALN et la force locale. Ils émirent des grandes réserves au sujet de ce corps qui devait être constitué par les appelés algériens de l’armée française qu’ils considérèrent, non sans raison, comme un rival potentiel à l’ALN des frontières. Pour le chef de l’EMG, le colonel Boumédiène, le risque de voir la force locale se transformer en une armée nationale était réel. Et au sujet de l’article restreignant la liberté de mouvement des maquisards de l’intérieur, Boumédiène l’interpréta comme une tentative d’étouffer l’ALN et de l’isoler de la population. Au cours du CNRA 4, Boumédiène joua habilement le rôle du défenseur de l’ALN et le garant de son intégrité.

Le texte présenté par le gouvernement fut sévèrement critiqué par Ferhat Abbas. L’ancien président du GPRA et ses partisans de l’Union démocratique du manifeste algérien (UDMA), écartés de la direction et des négociations avec les Français, devinrent à leur tour des opposants opiniâtres au gouvernement et ne cachèrent pas leurs ressentiments envers Ben Khedda. Le 27 février 1962, le CNRA, à une écrasante majorité, donna son aval au GPRA et le mandata pour signer les accords de paix. Seuls Boumédiène, Mendjeli, Kaïd et Mokhtar Bouyezzem votèrent contre. Boumédiène, sortant de sa réserve, eut une attitude sévère et offensante envers le GPRA. « Ce texte marque la fin de notre révolution, je crois que l’ennemi est parvenu au résultat qu’il recherchait avec ses valets. Pour l’application, je les rassure pleinement » déclara-t-il[20].

Le retour triomphal d’Ahmed Ben Bella

Avec la libération des cinq détenus d’Aulnoy, à l’occasion de la signature le 18 mars 1962 des accords historiques d’Évian, le FLN entra dans une nouvelle phase. L’entrée en scène d’Ahmed Ben Bella bouleversa radicalement l’échiquier politique. En cette période décisive de l’histoire de l’Algérie, Ben Bella était considéré par la presse internationale comme le véritable représentant de la révolution algérienne et bénéficiait de l’appui politique - et militaire - de l’Égypte. Son prestige était immense. D’après Ben Tobbal, au château d’Aulnoy, Ben Bella donnait à ses visiteurs une image de leader dont l’avis comptait le plus[21].

Bousculant les statuts du FLN qui prévoyaient l’organisation d’un congrès, instance souveraine du FLN, sur le territoire national[22], Ben Bella, fort de son ascendant, exigea la convocation du CNRA. La stratégie de Ben Bella s’articulait autour d’un double objectif : remplacer le GPRA par un bureau politique et créer les conditions adéquates à son accession à la direction du FLN avant la proclamation de l’indépendance.

Le CNRA 5 (28 mai-7 juin 1962) fut précédé par une étape décisive, celle de la consolidation des alliances existantes et la construction de nouvelles unions. Dans ce but, des émissaires furent envoyés séparément par Ben Khedda, Krim et l’EMG aux wilâyas afin de les rallier à leur cause[23].

Le 28 mai s’ouvrit à Tripoli la fameuse session du CNRA appelée abusivement congrès de Tripoli. Pour la première fois, la totalité des membres du CNRA y assistèrent. Après avoir débattu et voté le projet d’un programme politique les participants passèrent à la désignation d’un bureau politique. À ce sujet, deux thèses s’affrontèrent : la première préconisait la constitution d’un bureau politique élargi regroupant les principaux dirigeants du FLN[24], la deuxième, de Ben Bella et de ses partisans, défendait l’idée d’un bureau politique réduit de sept membres : Ahmed Ben Bella, Mohamed Boudiaf, Hocine Aït Ahmed, Mohamed Khider, Rabah Bitat, Saïd Mohammedi et Hadj Benalla. La liste de Ben Bella excluait ceux qui avaient, jusque-là, dirigé le FLN : Krim, Boussouf, Ben Tobbal, Ben Khedda, Abbas, Dahlab, etc. Dans la nuit du 6 au 7 juin, un incident au sujet des procurations détenues par Tahar Zbiri, le chef de la wilâya 1, provoqua un affrontement grave entre des dirigeants du FLN et conduisit à l’abandon des travaux du CNRA

Après la session du CNRA 5 de Tripoli, le FLN était divisé entre deux clans. Le premier dont le leader était, sans conteste, Ahmed Ben Bella regroupait tous ceux qui avaient signé le procès-verbal du 7 juin 1962 condamnant le départ de Ben Khedda de Tripoli. Ce groupe qui prit le nom de Groupe de Tlemcen, au lendemain de l’indépendance, était formé de l’EMG, Ferhat Abbas et ses partisans, des wilâyas 1, 5 et 6 et un groupe dissident de la wilâya 2. Le deuxième était moins homogène et regroupait autour de Krim et Boudiaf, d’un côté, et Ben Khedda de l’autre, les wilâyas 2, 3, 4, la Zone autonome d’Alger 2 et les Fédérations du FLN de France, de Tunisie et du Maroc.

Craignant l’hégémonie d’une ALN bis stationnée aux frontières et dénonçant les tentatives des chefs de l’EMG de créer la division au sein des wilâyas de l’intérieur, une très importante réunion fut organisée à Zemmorah les 24 et 25 juin 1962 et regroupa les dirigeants des wilâyas 2, 3, 4, de la ZAA 2, et de la Fédération du FLN de France. Bien que conviés à ce conclave, les chefs des wilâyas 1 et 5 déclinèrent l’invitation. Le refus de Tahar Zbiri de se rendre à Zemmorah était motivé, selon lui, par l’impossibilité des wilâyas de constituer un front uni[25]. L’absence de Tahar Zbiri et du colonel Othmane traduisirent l’évolution du conflit GPRA-EMG du sommet vers la base et de l’extérieur vers l’intérieur ainsi que la matérialisation des alliances qui s’étaient nouées à Tripoli. Dans une résolution générale, les participants décidèrent de créer un Comité inter-wilâyas auquel ils assignèrent plusieurs objectifs dépassant largement leur rôle et leurs prérogatives : préparer les listes des candidats à la Constituante, arrêter les conditions de déroulement et de participation au congrès national, organiser l’intégration au sein des wilâyas respectives des unités de l’ALN stationnées aux frontières. Le comité lança un appel à tous les membres du gouvernement « autorité légitime du pays » afin d’aider le comité pour l’entrée et l’intégration de l’ALN des frontières au sein des wilâyas et de la ZAA, et de dénoncer les membres de l’état-major. Les participants prirent l’engagement de rester unis et appelèrent les autres wilâyas à les soutenir. Dès la fin de la réunion le 25 juin 1962, des mesures opérationnelles furent prises par le Comité inter-wilâyas : état d’urgence sur le territoire relevant de leur autorité jusqu’à la mise en place des institutions définitives du pays - mise en place de centaines de barrages de contrôle sur les routes -, arrestation de tous les éléments, quels qu’ils soient, ne respectant pas la voie hiérarchique et les règlements en vigueur. En agissant ainsi le comité déclara publiquement la guerre à l’EMG accusé de se livrer à un travail fractionnel[26]. Le comité avait reconnu le GPRA comme l’autorité légitime du pays, mais une autorité virtuelle, symbolique, dans la mesure où, il s’était substitué à lui. En essayant de s’accaparer des prérogatives de l’éxécutif provisoire - organisation des élections pour la Constituante - et en constatant et déplorant le « manque d’autorité du gouvernement » face à la « rébellion de l’EMG », le comité avait indirectement affaibli le GPRA. Par l’importance et la portée politique de ses décisions, il se présenta comme une autorité dotée de tous les pouvoirs - institutionnels et militaires. Sa décision d’organiser l’intégration des unités de l’ALN des frontières était un cinglant désaveu au GPRA.

Les résolutions prises à Zemmorah provoquèrent une violente réaction de l’EMG qui déclara publiquement que cette réunion était organisée avec la « complicité des Français » [27].

Juillet 1962 : implosion du Front de libération nationale historique

Dans la nuit du 30 juin au 1er juillet 1962, Ben Khedda prit la décision de dénoncer publiquement les « activités criminelles de trois membres de l’ex-état-major général » et de dégrader le colonel Houari Boumédiène et les commandants Ali Mendjeli et Ahmed Kaïd[28]. La raison de cette destitution était l’appel lancé au GPRA par le Comité inter-wilâyas. Le limogeage par Ben Khedda des membres de l’EMG provoqua l’implosion du gouvernement. Khider remit sa démission, et craignant pour sa vie, Ben Bella quitta précipitamment Tunis pour Tripoli où il se désolidarisa du GPRA. La démission de Khider et la prise de position de Ben Bella en faveur de l’EMG enclenchèrent le processus de destitution du gouvernement au profit du Groupe de Tlemcen en formation. Le soutien de Ben Bella et Khider à l’EMG représentait un désaveu aux wilâyas qui contestaient les chefs militaires d’Oujda et de Ghardimaou.

Le 22 juillet 1962 à Tlemcen, les partisans et alliés de Ben Bella, qui s’étaient proclamés unilatéralement « membres majoritaires du CNRA », prirent la décision d’imposer, à la hussarde[29], le bureau politique, qui avait été contesté à Tripoli, et d’assumer leurs « responsabilités nationales »[30]. Trois jours après, le 25 juillet, les troupes de l’ALN des frontières appuyées par les maquisards de la wilâya 1 et des dissidents de la wilâya 2 - les commandants Si Larbi Berredjem et Rabah Belloucif - investirent Constantine. La stratégie de l’affrontement décidée par Ben Bella à Tlemcen aboutit à la reconnaissance, par ses adversaires, de l’autorité du nouveau bureau politique. Le 2 août, un accord fut conclu entre Boudiaf, Krim et Mohand Oulhadj pour le Groupe de Tizi Ouzou, et Khider et Bitat pour celui de Tlemcen. L’accord précisait les prérogatives du bureau politique et réduisit son champ d’action. Il ne reconnaissait au bureau politique une autorité qu’au sujet de la préparation de l’élection prévue pour le 27 août 1962 et la convocation du CNRA - qui devait désigner un nouveau bureau politique.

Le renforcement du camp des partisans de Ben Bella, l’affaiblissement de ses adversaires et les prétentions politiques de la wilâya 4 empêchèrent la mise en application de l’accord du 2 août 1962. À l’espoir suscité par ces accords répondirent des heurts entre les maquisards de la wilâya 4 et les hommes de Yacef Saâdi dans la Casbah. Le pays était au bord de la guerre civile, principalement dans l’Algérois. Face à l’anarchie qui commençait à s’installer et craignant de perdre son autorité sur l’ALN des frontières et les wilâyas qui le soutenaient, Ben Bella donna, le 31 août 1962, l’ordre de marcher sur Alger. Des combats sanglants eurent lieu à Masséna, Ksar El Boukhari, Brazza, Sour El Ghozlane, etc., occasionnant un nombre important de victimes[31].

La crise de l’été s’était soldée par l’arrivée de Ben Bella au pouvoir et la marginalisation de ceux qui s’étaient opposés à lui. Trois ans après l’indépendance, le régime de Ben Bella n’avait pas réussi à dépasser ses contradictions. Une partie de ceux qui l’avaient soutenus, pendant l’été 1962, furent, à leur tour, écartés des affaires de l’État, emprisonnés ou mis en résidence surveillée. Le 19 juin 1965, le segment militaire, plus homogène et solide, prit le pouvoir en Algérie.

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[1] Date de la prise en main effective par Ramdane Abbane des affaires du FLN.

[2] Circulaire gouvernementale du 31 janvier 1960 portant attribution du chef d’état-major général de l’ALN mise aimablement à ma disposition par le commandant Azzedine : « L’État-major a le haut commandement sur l’ALN et la responsabilité de la conduite et de la coordination des opérations militaires à l’échelle nationale. Il a la responsabilité de l’approvisionnement de l’intérieur en matériel de guerre, en argent et en cadres. Il a sous son autorité, pour toutes les questions militaires, les chefs de wilâyas et les commandements des frontières. Il est responsable de l’instruction militaire des cadres et des camps de repos Il nomme sur proposition des conseils de wilâyas, les officiers subalternes jusqu’au grade de capitaine inclus. Il a la responsabilité de la police militaire dans les zones qui seront déterminées ultérieurement en accord avec le Comité interministériel de guerre. Il dispose d’un service de santé militaire qui exerce son activité dans des zones déterminées. Il doit fournir régulièrement des rapports au Comité interministériel de guerre.»

[3] Mémoire de l’État-major général de l’ALN à Monsieur le Président du Gouvernement provisoire de la République algérienne (sous couvert du CIG). Mohammed Harbi, Les archives de la révolution algérienne. Paris : Jeune Afrique, p. 322-332.

[4] Colonel Mohamed Zerguini, Une vie de combats et de lutte. Témoignages et appréciations. T. I : 1941-1962. Alger : Les Éditions Algériennes En-nahdha, 2000, p. 167-168.

[5] Archives nationales, Alger, fonds CNRA-GPRA, GO 23, prise de position des officiers de l’Ouest après la démission des membres de l’EMG, 28 juillet 1961.

[6] Archives nationales, Alger, fonds CNRA-GPRA, GO 23, résolution votée par les officiers (de l’Est) réunis le 17 août 1961 au PC de l’EMG.

[7] Benyoucef Ben Khedda, L’Algérie à l’indépendance. La crise de l’été 1962. Alger : Éditions Dahlab, 1997, p. 80.

[8] Mahfoud Bennoune et Ali El Kenz, Le hasard et l’histoire. Entretiens avec Belaïd Abdesslam. Alger : ENAL, 1990, t. I, p. 179.

[9] Mohammed Harbi, Une vie debout. Mémoires politiques. T. I : 1945-1962. Paris : La Découverte, 2001.

[10] M. Bennoune et A. El Kenz, op. cit., p. 174.

[11] Archives nationales, Alger, fonds CNRA-GPRA, GO 23, prise de position des officiers de l’Ouest après la démission des membres de l’EMG, 24 septembre 1961.

[12] De son vrai nom Mohamed Ben Ahmed.

[13Le Monde, 13 juin 1957.

[14] Commandement des frontières.

[15] Lahouari Addi, « Le commandant Moussa, un héros national méconnu », Le quotidien d’Oran, 19 avril 2004.

[16] Lettre de Benyoucef Ben Khedda au capitaine Moussa, 18 octobre 1962 : « J’ai bien pris connaissance de la lettre que tu m’as envoyée avec Boualem Oussedik ainsi que des messages que tu m’as envoyés. En ce qui concerne la prise de commandement des forces armées de l’ouest, le gouvernement sur la base des informations que tu nous as communiquées a d’abord décidé de te donner le feu vert pour rétablir l’autorité en son nom à l’ouest. Cependant, sur la base d’autres informations parvenues par ailleurs laissent nettement supposer que tes activités sont suivies de très près par l’État-major ouest et par conséquent ton opération comporte des risques sérieux pour sa réussite et même pour ta sécurité personnelle. Aux dernières nouvelles, ton arrestation serait sérieusement envisagée. En l’état actuel des choses, le gouvernement ignore comment se présente exactement la situation à l’ouest. Nous craignons que certains éléments d’informations t’échappent ou te soient cachés. Il ne faut pas exclure que certains officiers engagés avec toi peuvent te faire défection. Un message a été envoyé à tous les services pour s’opposer à ton arrestation. Je te demande pour l’instant de patienter et de faire preuve de prudence tout en restant en relation avec les officiers qui sont en contact avec toi. Il faut éviter de te rendre aux frontières ». Document publié sur le site consacré au commandant Moussa : [http://www.commandant-moussa.com/] , visité le 12 juin 2007.

[17] Abdelhamid Brahimi, Aux origines de la tragédie algérienne (1958-2000) : témoignage sur « Hizb França ». Genève : Hoggar, 2000, p. 60.

[18] « Notes d’informations du commandement de la zone nord en date du 31 octobre et 29 novembre 1961 destinés à tous les chefs de bataillons et de compagnies lourdes : le comité de la zone tient à préciser que l’état-major général a, sur demande de l’armée, repris ces fonctions. Les problèmes qui l’opposent à l’équipe dirigeante n’étant pas résolus, nous faisons entièrement confiance à l’état-major quant au dénouement de cette crise, dans le contexte de nos principes révolutionnaires/ Les initiales « C.I.G. » ne doivent plus figurer sur les entêtes officielles du courrier des unités. » Voir Abderrazak Bouhara, Les viviers de la libération. Générations face au destin. Alger : Casbah Éditions, 2001, p. 274.

[19] Procès-verbal du conseil des ministres du 17 janvier 1962. Voir Amar Hamdani, Krim Belkacem, le lion des Djebels. Paris : Balland, 1973, p. 341-342.

[20] Archives nationales, Alger, fonds CNRA-GPRA, CO 48, intervention de Houari Boumédiène au cours du CNRA 4 à Tripoli, 27 février 1962.

[21Mémoires inédits de Lakhdar Ben Tobbal.

[22] Article 21 des statuts du Front de libération nationale : « Le Congrès national est l’instance souveraine du FLN. Il se réunit sur le territoire national dès que les conditions de représentativité sont réunies. »

[23] À ce sujet, voir A. Brahimi, op. cit., p. 97-99. Commandant Azzedine, Et Alger ne brûla pas. Alger : ENAG Éditions, 1997, p. 13-41. Boualem Bourouiba, Les syndicalistes algériens. Leur combat de l’éveil à la libération 1936-1962. Alger : DAHLAB-ENAG, 2001, p. 360-361.

[24] Hocine Aït Ahmed, La guerre et l’après-guerre. Paris : Minuit, 1964, p. 153-154.

[25] Entretien avec Tahar Zbiri, Alger, 2004.

[26] Ali Haroun, L’été de la discorde. Algérie 1962. Alger : Casbah Éditions, 2000, p. 64-68.

[27] B. Ben Khedda, op. cit., p. 22.

[28] A. Haroun, op. cit., p. 73.

[29] Des négociations entre les dirigeants des six wilâyas afin de trouver une solution à la crise se poursuivaient encore dans la région de Chélif (wilâya 4).

[30] Résolution et proclamation du bureau politique du FLN du 22 juillet 1962. Voir A. Haroun, op. cit., p. 227-230.

[31] L’agence officielle Algérie Presse Service (APS) publia, le 3 janvier 1963, un communiqué dans lequel elle avança le chiffre de 1 000 morts. L’information donnée par l’APS n’est corroborée par aucune autre source, il convient donc de l’analyser avec la plus grande prudence.


Citer cet article :
Amer Mohand Amer, «  Le Front de libération national à l’été 1962 : le pourquoi d’une crise  », colloque Pour une histoire critique et citoyenne. Le cas de l’histoire franco-algérienne, 20-22 juin 2006, Lyon, ENS LSH, 2007, http://ens-web3.ens-lsh.fr/colloques/france-algerie/communication.php3?id_article=253