ENS LSH - Colloque - Pour une histoire critique et citoyenne, le cas de l’histoire franco-algérienne

Pour une histoire critique et citoyenne
Le cas de l’histoire franco-algérienne

20, 21, 22 juin 2006


KATAN Yvette

Université de Paris 1, Panthéon-Sorbonne

Les colons de 1848, des proscrits ? Un mythe tenace et récurrent

Session thématique « Migrations croisées »

Jeudi 22 juin 2006 - Matin - 9h-11h - Amphithéâtre

« Les colons du décret » : des émeutiers de juin ? des proscrits ?

Il s’agit aujourd’hui d’avoir raison d’un mythe concernant ces colons confondus avec les condamnés de juin 1848 qui de Belle-Isle ne furent déportés en Algérie au camp de Lambèse qu’en 1850 et qui n’eurent jamais l’autorisation de s’installer dans les villages créés ex-nihilo par le décret du 19 septembre 1848 de l’Assemblée constituante.

Pourquoi cette confusion jusqu’à nos jours sous la plume même d’historiens autorisés et malgré les travaux de Charles-André Julien et du doyen Genet qui ont précédé mon article de la Revue d’histoire moderne et contemporaine[1] où j’établissais à partir d’archives de la préfecture de police de Paris que ces émigrants volontaires étaient arrivés dans la capitale avant la création des Ateliers nationaux, et qu’ils n’étaient pas des ouvriers jetés sur le pavé à la suite de la fermeture des Ateliers nationaux en 1848.

Le 19 septembre 1848 l’Assemblée constituante vote un décret qui ouvre « un crédit de 50 millions de francs au ministère de la Guerre sur les exercices 1848, 1849, 1850 et suivants pour être spécialement appliqués à l’établissement de colonies agricoles dans les provinces d’Algérie ». C’est la première fois qu’une entreprise coloniale officielle, subventionnée, d’une telle ampleur est décidée. Quarante-deux « colonies agricoles » doivent être créées en territoire militaire ; 12 000 colons transportés et installés aux frais de l’État, doivent recevoir en plus d’une concession de terre de deux à dix hectares selon l’importance de leur famille, une maison, des instruments, du bétail, des semences et des rations journalières de vivres pendant trois ans. « À l’expiration de ces trois années, précise le décret, les habitations construites pour eux et les lots qu’ils cultivent deviendront leur propriété. »

À cette époque l’Algérie ne comptait qu’une cinquantaine de villages de colonisation peuplés d’environ 15 000 colons ruraux - dont 9 000 Français -, on peut se rendre compte de l’importance de l’effort envisagé.

Le chiffre des colons qui bénéficieront du décret « ne pourra excéder 12 000 âmes en 1848 » car les crédits pour la fin de l’année 1848 ne dépassent pas cinq millions de francs. Les colons seront des « citoyens français, chef de famille ou célibataires ». Le décret distingue :

Les colons cultivateurs ou qui déclareront vouloir le devenir [...] des colons ouvriers d’art qui exécuteront soit individuellement, soit par association, tous les travaux d’installation des familles, et concourront aux travaux d’utilité publique reconnus indispensables pour le développement des colonies.

Ces derniers s’ils se fixaient dans les colonies bénéficieraient des mêmes avantages que ceux accordés aux colons cultivateurs.

L’Algérie et la crise sociale en France

La crainte malthusienne de la surpopulation en France, alimentée par le spectacle du chômage grandissant, favorisait l’idée que la solution aux problèmes démographiques et sociaux que connaissait la France, se trouvait dans cette Algérie qui offrait des terres inexploitées, inoccupées mais, disait-on, regorgeant de richesses. Louis de Baudicourt se fait l’écho de ces craintes qui agitent alors les Français :

Les statistiques, écrit-il, avaient constaté que la population de la France s’accroissait chaque cinq ans de plus d’un million d’habitants, d’où il résultait qu’à la fin du siècle elle serait augmentée de 10 à 12 millions d’âmes... Comment alors, sans bouleverser la société, satisfaire aux prétentions de la masse des ouvriers repoussés par l’industrie ? Comment faire pour les rendre propriétaires sans léser ceux qui le sont déjà ?[2]

Les regards se tournaient vers les terres d’Algérie qui seules, pouvaient permettre de résoudre ce problème sans révolution agraire. La colonisation agricole en Algérie apparaissait donc comme le remède à la crise sociale aggravée par la fermeture des Ateliers nationaux.

En mars 1848, le comte Raousset Boulbon préconisait la colonisation de l’Algérie par des équipes de « prolétaires sans travail ». Il y voyait « la régénération de l’ouvrier » libéré par la possession d’une terre, alors qu’avec son salaire journalier il ne pourrait échapper à la « tyrannie capitaliste. » Le socialiste Pierre Leroux, de son côté, voyait dans l’émigration et dans la création d’une société nouvelle en Algérie une nécessité. Plusieurs solutions furent alors envisagées pour peupler l’Algérie dont l’Assemblée constituante devait déclarer qu’elle était territoire français.

Pour Bugeaud[3], la conquête serait stérile sans la colonisation :

C’est la colonisation qui gardera cette conquête et libérera peu à peu notre armée. Cherchez les colons partout, il en faut 150 000. Il faut les placer sans s’informer à qui appartiennent les terres ; il faut distribuer celles-ci en toute propriété. Mais les colons devront être militarisés : l’armée est tout en Afrique [...]. Elle seule a conquis le sol, elle seule le fécondera par la culture et pourra, par de grands travaux publics, le préparer à recevoir une nombreuse population civile. Il faut créer 150 000 colons militaires qui civiliseront le pays.

On connaît l’échec des villages de soldats-laboureurs créés par Bugeaud. Ces échecs, de même que ceux des concessionnaires libres que l’on n’aida pas suffisamment, découragèrent les aspirants colons. La réglementation en vigueur qui laissait libre uniquement dans la zone civile l’installation des Européens, alors qu’il fallait une autorisation pour leur établissement dans les deux autres zones - mixte et arabe - ne favorisait pas la colonisation ; non plus que la faculté accordée au gouverneur général de prononcer contre tout Européen l’exclusion temporaire d’une localité. La colonisation semblait arrêtée. Le changement de régime et la conjoncture difficile de 1848 débloquèrent la situation.

Le tournant de la IIe République

La réglementation restrictive vis-à-vis des installations d’Européens fut abolie, à la grande joie des colons d’Algérie. Les espoirs des colons se tournaient vers le nouveau ministre de la Guerre, Christophe-Louis-Léon Juchault de Lamoricière. N’avait-il pas écrit en 1847[4] :

Il nous faut des colons car, nous ne pouvons jamais avoir assez de confiance dans les indigènes, qui, au premier bruit de guerre, ne manqueraient pas de se révolter [...]. Une population chrétienne agricole peut seule nous permettre d’espérer qu’il nous sera possible, un jour, de nous maintenir en Algérie.

De plus, Lamoricière, assignait à ces colons agricoles, une autre mission. Dans une lettre à un ami, il écrit en effet :

Une guerre avec l’Angleterre nous affamerait infailliblement [...]. Nous ne serons vraiment forts en Algérie que quand nous pourrons nourrir notre armée [...] avec les produits tirés du sol par des bras chrétiens. Ceci est pour moi passé à l’état d’article de foi.

À la même époque, ce n’est pas sans un certain cynisme que le lieutenant-colonel Martimprey propose une solution plus radicale :

C’est [donc] vers un renouvellement des habitants, la masse des nouveaux venus dominant les indigènes, qu’il faut reporter ses espérances de domination réelle sur le sol conquis. C’est en un mot, la colonisation.[5]

Ainsi, il y a unanimité sur la colonisation : les colons veulent renforcer leur position démographique face à la masse indigène, les militaires souhaitent pérenniser leur conquête par l’installation de colons, les socialistes voient dans la nouvelle conquête un champ d’expérimentation pour leurs théories.

Les projets de colonisation se multiplient

Il y eut comme une frénésie de projets de colonisation qui affluèrent sur le bureau de l’Assemblée nationale. La majorité des projets prônait l’installation par l’État de petites colonies regroupées en villages. Ces villages formeraient une ligne avancée du front de colonisation. Certains reprennent les idées « socialistes » de travail en commun, malgré l’échec de la colonie fouriériste de Saint-Denis-du-Sig et des villages de soldats de Bugeaud. D’autres veulent faire appel aux enfants trouvés pour peupler les colonies et libérer le pays du poids de ces enfants[6].

Après les journées de juin, des groupes de pression se forment pour reprendre la colonisation agricole en Algérie. Un Comité central pour la colonisation en Algérie présenta, sous l’égide des maires de Paris et de Pierre Leroux, que suivaient les ouvriers, un projet de loi qui recueillit vingt mille signatures et même l’appui de la Société algérienne. Ce projet exigeait que le « gouvernement assurât la prospérité des colonies par l’injonction faite aux émigrants de confondre leur travail et leur avoir dans une association générale, débattue entre les contractants seuls et volontairement acceptée ». Il devait être présenté à l’Assemblée nationale par Ferdinand Barrot. Le général Lamoricière, devançant Barrot, présenta à l’Assemblée nationale le projet du gouvernement, compromis susceptible de rassurer les membres de la Société algérienne méfiante vis-à-vis de l’association.

Une multitude de candidats au départ : des nostalgiques de la propriété

Les conditions offertes par le décret parurent alléchantes à des milliers de pauvres gens touchés par la crise. Une commission de colonisation est créée qui reçoit les candidatures et organise les départs. Installée aux Tuileries, elle est assaillie d’un nombre tel de demandes, qu’elle est contrainte de dépasser le chiffre imposé car « à l’approche de l’hiver, la misère sévissant, les mairies demandaient avec insistance que le chiffre d’admission fût plus élevé » . Un nouveau vote de l’Assemblée porte le chiffre de 12 000 colons initialement fixé, à 13 500 et un convoi supplémentaire - le seizième - est organisé pour le départ. Il ne fut pas le dernier, un autre le suivit en mars 1849 qui exceptionnellement devait prendre des Lyonnais. Cependant alors que de toute la France, et particulièrement des régions industrielles du Nord et de l’Ouest, affluent des milliers de demandes, la commission décide de ne considérer que les candidatures du département de la Seine. Des Parisiens pour peupler des colonies agricoles ! Cela pourrait paraître étrange ou significatif d’une volonté de débarrasser Paris d’une plèbe en émoi, dangereuse pour la paix sociale.

L’article 10 du décret manifeste l’impatience de l’Assemblée : « Les colons devront être dirigés sur l’Algérie dans le plus bref délai possible. Les frais de route, de traversée, de transports des effets et du mobilier seront au compte de l’État. » Dès le 8 octobre, soit dix-neuf jours après le décret, 800 personnes partent par le premier convoi, du quai de Bercy à Paris. Seize autres départs devaient être organisés entre le 9 octobre et mars 1849.

Cette précipitation à n’envoyer que des candidats de Paris renforce l’idée que l’Assemblée n’était animée que par le souci de débarrasser la capitale des ouvriers jetés sur le pavé par la fermeture des Ateliers nationaux. Il s’agissait donc, semble-t-il, d’une mesure sociale et politique, à l’encontre des « classes laborieuses et dangereuses » de Paris, des « insurgés, tous ouvriers en barricades et clubistes distingués que l’on ne déporte pas puisque les départs se firent sur la base du volontariat », comme on peut le lire dans le rapport d’un membre de la commission d’enquête de 1850[7].

Cette explication pose tout de même un problème : comment l’Assemblée constituante pouvait-elle prendre le risque d’exporter les germes de la révolution, de la contestation, voire du socialisme, dans une colonie où le transfert de familles entières, à grands frais, révélait le désir d’en faire une colonie de peuplement, qui devait, espérait-on, devenir une province « nourricière » comme elle l’avait été pour Rome dans l’Antiquité ? La IIe République décidée, elle, à garder, exploiter, peupler l’Algérie, pouvait-elle compromettre elle-même son œuvre ?

Les émigrants parisiens

Les candidats devaient fournir un certificat de bonne vie et mœurs, une fiche d’état civil - le concubinage n’était pas admis -, un certificat médical, un témoignage attestant que, lors des journées d’émeutes de juin 1848, l’on n’a pas participé aux combats ou mieux que l’on y a pris part, mais du « bon côté » des barricades. Les postulants, eux-mêmes, mettent en avant leurs excellents services. Ainsi l’un d’eux écrit :

Combattant de Juin [...] j’ai reçu [...] une mention honorable pour la part que j’ai prise au combat partout où il a été le plus meurtrier [...] le 15 mai à la tête de ma compagnie [...] j’ai pénétré le premier, à l’étage où se trouvaient Barbès, Albert et autres, que Prévost, un de mes sergents, et quelques gardes faisaient prisonniers.[8]

Il semble que peu d’émeutiers de juin aient pu échapper à la vigilance des maires et se faufiler parmi les colons. Il s’agissait de ne pas laisser des éléments subversifs compromettre la colonisation.

Il n’y a donc pratiquement pas d’insurgés de juin parmi les partants. Rémi Gossez qui a étudié les insurgés de juin le confirme. Peut-on au moins connaître leur appartenance politique ? On peut se reporter aux rapports quotidiens qui sont envoyés à la commission des Tuileries par les médecins et les officiers accompagnateurs des convois traversant une France qui semble méfiante vis-à-vis de ces ouvriers parisiens, pris pour des hommes dangereux.

Les rapports évoquent cependant peu de manifestations « intempestives » de sentiments révolutionnaires chez les émigrants. L’accompagnateur du septième convoi relate que le 4 novembre 1848, en passant devant Melun, « quelques bonnets rouges de notre convoi ont crié “Vive la République démocratique et sociale ! Vive Barbès et Raspail ! Nous les aurons !” ». Mais il ajoute, rassurant : « J’ai remarqué que ces cris n’étaient poussés que par une bien petite minorité. » Quelques jours plus tard, il n’y a plus, en passant devant le village de Néré, qu’un seul de nos colons, « coiffé du bonnet rouge » pour crier aux habitants rassemblés sur le pont : « Vive la République démocratique et sociale ! », mais « le silence le plus glacial » a accueilli cette manifestation, rapporte notre convoyeur avec satisfaction. Y eut-il une pression de l’officier accompagnateur pour obtenir ce silence ? Nous n’en avons pas trouvé trace.

Pour savoir si, par ailleurs, les colons adhéraient aux principes de l’association et de l’exploitation en commun des terres on ne peut se reporter qu’à l’attitude qu’eurent les colons une fois sur place et en possession de leur lot.

De nombreux témoignages ne laissent aucun doute sur la volonté de nos colons d’exploiter individuellement leur terre, et sur l’âpreté qu’ils mettaient à défendre leur nouvelle propriété contre les indigènes.

Un accompagnateur du dernier convoi eut le loisir, arrivé en Algérie, de visiter les villages agricoles déjà installés :

On pourrait penser, dit-il, que les idées de communisme auraient pu s’infiltrer dans ces masses ; que le travail en commun serait essayé, pas du tout : même quand il aurait été utile, le travail en commun a été refusé.[9]

La commission des Tuileries souligne dans son rapport de janvier 1849 :

L’espérance de la propriété individuelle a été le véritable stimulant de la colonisation. Quelques-uns sont partis ayant l’esprit plus ou moins imbu de doctrines inapplicables. La Commission a appris par diverses lettres qu’ils se sont promptement modifiés et que ce sont eux qui font avec le plus de zèle acte de propriétaire.[10]

D’autre part, le problème de la légitimité de la colonisation elle-même ne semble pas s’être posée à ces républicains que l’on pourrait croire imbus du principe du droit des peuples à disposer de leur territoire. Y avait-il seulement un peuple dans cette Algérie que l’on devait justement peupler ? Les colons pouvaient en douter. On leur parlait de « France africaine », on refusait de les appeler des émigrants[11] ; ils se rendaient dans ce qui n’était qu’un prolongement de la France, dans des villages dont certains comme Saint-Cloud, Saint-Leu, Rivoli, avaient un nom bien familier ! Aller peupler l’Algérie était même présenté à nos quarante-huitards comme une œuvre exaltante au service de la patrie. N’ont-ils pas transporté des arbres de la liberté pour les replanter dans les villages de colonisation, sans même percevoir la contradiction qui, aujourd’hui, nous frappe ?

Ainsi, le colon de 1848, volontaire pour l’Algérie, nous apparaît comme « un homme sûr », peu animé par des idées révolutionnaires ou socialistes. C’est sûrement un républicain attaché à ses prérogatives de citoyen, et qui, à ce titre, ne comprend pas qu’on conteste sa liberté d’expression, son droit de participer encore à la vie politique, autant de prétentions qui, avec l’évolution conservatrice du régime, apparaîtront comme de dangereuses idées subversives et serviront de prétexte aux multiples évictions arbitraires dont seront victimes les colons trop indociles au goût des directeurs.

Dutrone qui participe à la grande enquête, lancée par l’Assemblée en juin 1849 avant de poursuivre cette colonisation, écrit : « La Commission fut impressionnée de la bonne attitude, du langage digne et modéré [des colons] même chez ceux qui leur avaient été signalés comme hommes politiques dangereux. » Il ajoute que les colons « ont entendu avec étonnement [...] recommander à des citoyens républicains de ne point s’occuper de politique », les colons se seraient écriés : « Autant voudrait dire : à bas la Constitution ! À bas la politique ! À bas la République ! Vive le pouvoir absolu ! » Ces colons entendus à huis clos par les membres de la commission, c’est-à-dire hors de la présence des directeurs, avaient été désignés par leurs camarades dans chaque village agricole ; un grand nombre fut évincé par la suite.

La confusion tenace entre les colons de 1848 et les déportés nous paraît par elle-même significative : elle traduit, semble-t-il, l’assimilation qui se fit, dans les esprits, entre les deux catégories de partants qualifiés, en bloc, de dangereux révolutionnaires. En effet, bien qu’aucun des déportés de juin 1848 qui furent transférés au camp disciplinaire de Lambèse, en Algérie, ne fut admis dans les colonies de 1848, le régime militaire qui fut imposé aux colons devait induire en erreur : les villages agricoles installés en territoire militaire dépendaient totalement de l’armée qui fut

seule chargée de la création des colonies agricoles [...]. Le service du génie exécute les travaux, celui de l’intendance distribue les vivres et prestations de toute nature aux colons, celui des hôpitaux accueille les malades [...]. En outre, les divers corps de troupes fournissent les officiers pour exercer les fonctions administratives et judiciaires.[12]

Ces officiers, les directeurs de villages, furent parfois de bons administrateurs, n’abusant pas de leur pouvoir, mais il semble que ce fut l’exception ; le plus souvent, ils traitèrent les colons comme des soldats de bataillons disciplinaires ; Charles-André Julien évoque celui de Pontéba qui obligeait les colons à se lever à cinq heures l’hiver, à trois heures l’été, et privait de vivres les absents. Il n’était pas le seul : souvent les colons allaient au champ au son du tambour et les punitions du silo - cachot souterrain - étaient fréquentes. On comprend comment le souvenir de ce colon si peu libre a pu se confondre avec celui d’un déporté. N’y avait-il pas aussi un peu de romantisme dans cette volonté de présenter les premiers colons comme des révolutionnaires ? Une fois détruit le mythe du colon de 1848, déporté, révolutionnaire, socialiste, il reste à définir clairement ce qu’il était socialement.

Sociologie d’une émigration

Une émigration « populaire »

Le candidat choisi est un Parisien, ceci du fait de la commission qui a écarté les candidatures provinciales - seul le dix-septième et dernier convoi emportera des Lyonnais -, mais un Parisien des quartiers populaires de l’Est de Paris. Nous avons pu l’établir clairement à partir des archives de la préfecture de la Seine[13].

Cependant le lieu de naissance de ce « Parisien » n’était pas majoritairement Paris, c’est ce qu’indiquait la commission des colonies agricoles. Nous l’avons vérifié à partir de l’échantillon fourni par le registre des archives du 2e arrondissement de Paris qui indique que sur 857 candidats colons, 206 seulement sont nés à Paris, 9 à l’étranger et 630 en province - pour les 12 restants le lieu de naissance n’est pas indiqué. On peut, à partir de cet échantillon qui indique même les dates d’arrivée à Paris, établir que 44,19 % des candidats sont arrivés entre 1830 et 1845, et 18,72 % de 1846 à 1848. Ces volontaires n’ont donc rien à voir avec les Ateliers nationaux de 1848.

Il n’en reste pas moins que les colons se sont recrutés surtout dans une population arrivée depuis moins de douze ans dans la capitale. Les archives de la préfecture de la Seine[14] nous donnent également des indications précieuses : pour les candidats du 4e arrondissement ancien, nous trouvons la mention « a travaillé la terre » quand il y a lieu.

Généralement le candidat est parti entre dix-huit et vingt ans. Les écrits des journalistes de l’époque en Algérie qui se moquaient de ces Parisiens qui confondaient l’avoine avec le blé qu’ils donnaient à manger à leur bœuf et ne savaient planter que des arbres de la liberté, et de leurs épouses en crinoline, ombrelle et hauts talons, nous semblent peu fiables et ne relever que de la volonté de les tourner en dérision.

L’exemple du « bon candidat » nous est fourni par Léonardy François Joseph :

Ancien cultivateur, trente-six ans, a servi, il est sous-lieutenant de la Garde nationale, employé à la mairie où il est connu sous d’excellents rapports, il est fort robuste, sa femme, âgée de trente-quatre ans, est fille de propriétaire cultivateur, elle s’est elle-même beaucoup occupé d’agriculture.

Près d’un tiers des candidats a une expérience plus ou moins ancienne du travail de la terre. On retrouve donc bien ce tiers de colons - 29,9 % - dont parlait la commission des Tuileries, pour qui les travaux de la campagne n’étaient pas étrangers.

Cependant l’expérience acquise par ces colons l’a été sous un climat et des conditions écologiques très différentes de celles qu’ils allaient affronter. Les terres qui seront offertes au défrichement étaient le plus souvent couvertes de palmiers nains profondément enracinés dont ne pouvait avoir facilement raison le faible matériel que l’on mettra à la disposition de ces pionniers. Les étendues offertes étaient nettement insuffisantes pour la culture du blé en Afrique du Nord. Ajoutons que, souvent, le lotissement, ne tenant aucun compte des conditions de relief ou de fertilité, pouvait attribuer à des malchanceux un terrain en trois parcelles, représentées par des ravins ou des terrains incultivables. On ne peut que dénoncer l’impéritie de l’Administration et en particulier le refus même de Lamoricière d’accorder à ces hommes de bonne volonté des moniteurs d’agriculture pour les initier aux techniques adaptées au pays.

Cette origine rurale récente peut expliquer, avec d’autres facteurs le succès de la publicité parfois mensongère lancée pour recruter des candidats à la colonisation. L’Algérie décrite comme un pays de cocagne où tout serait facile, représentait pour ces néo-Parisiens la possibilité de devenir un propriétaire possédant dix hectares de terre, de redevenir « son maître » et d’échapper à l’industrie déshumanisante ou au chômage. C’était bien le rêve de tous ces déracinés de la campagne, de ces ouvriers de fraîche date. Le jeune Truquin[15] raconte dans ses mémoires que, passant devant la mairie du 7e arrondissement, il vit « un beau monsieur qui faisait un tableau enchanteur de ce pays où poussent en abondance les cocos, les dattes, les bananes [...], le blé surtout y donnait un rendement énorme ». Il raconte la déception qu’il éprouva en apercevant la côte rocheuse et aride d’Arzew, au lieu de la forêt tropicale qu’il imaginait et qu’il chercha en vain pendant des jours dans les vallées intérieures. Les arbres n’existaient que sur la maquette de Saint-Cloud que l’on fit admirer à Paris aux candidats au départ.

Une émigration de la misère

L’émigration parisienne fut une émigration de la misère : il fallut donner 20 francs à de nombreux candidats pour retirer du mont-de-piété, qui un matelas, qui des objets de première nécessité. Le chirurgien à bord du quatorzième convoi ne peut s’empêcher de noter dans son rapport : « Nous avons eu la douleur de surprendre bien des misères pendant ce voyage [...]. Nous avons vu des mères lavant sans savon les linges de leurs enfants, des hommes et des femmes marchant presque nu-pieds[16]. » Cependant tous les colons n’étaient pas dans un tel dénuement[17].

Une majorité d’ouvriers

Nous pouvons constater la très forte prépondérance des ouvriers à partir des archives. Sur soixante-deux professions ou secteurs professionnels on en remarque un certain nombre qui paraît avoir été particulièrement touché par la crise et avoir fourni un très grand nombre de candidats colons : ce sont les secteurs du bois et du bâtiment. Ont-ils été spécialement touchés par la crise économique ? Le petit commerce et les employés viennent ensuite ; on voit des boutiquiers ayant pignon sur rue qui se sont laissés tenter par la perspective de devenir propriétaires d’une terre. On peut s’étonner par ailleurs de la faible représentation des manœuvres, marchands ambulants, toutes personnes sans qualification - 10 % seulement - dont on aurait pu penser qu’ils seraient plus disponibles pour le départ et plus tentés par la perspective d’acquérir une maison et une terre en Algérie. Ont-ils été en grande partie éliminés par la commission de colonisation au profit d’ouvriers qualifiés sur le sérieux desquels on pouvait davantage compter pour asseoir l’entreprise de peuplement ?

Les professions très spécialisées dont on s’effrayait en Algérie qu’elles ne puissent donner des colons agricoles - « on nous envoie des artistes, des artisans impropres aux travaux agricoles » se lamentait-on - ne sont finalement que peu représentées - 2,97 % des partants sont des graveurs, dessinateurs, sculpteurs et 4,44 % travaillent dans ce qu’il est convenu d’appeler « la fabrique de Paris ». Néanmoins, on peut imaginer les difficultés d’adaptation à la vie dans le bled algérien et aux travaux agricoles dans un pays aux conditions de sol et de climat plus dures qu’en France, des 21 passementiers, des 27 chapeliers, des 83 imprimeurs typographes, etc. La rubrique « ne connaît rien aux travaux agricoles » qui apparaîtra souvent dans le motif de renonciation de nombreux colons sollicitant leur retour après quelques mois en Algérie[18], a dû le plus souvent concerner ces hommes que la profession initialement pratiquée avait peu préparés aux durs travaux de défrichement.

Le départ

Les dix-sept convois partirent des quais de la Seine, le plus souvent du quai Saint-Bernard. Le colon connaissait le nom de son village agricole qui était brodé sur le drapeau flottant au mât de son bateau. Tout cela pouvait lui faire croire que maison et village étaient prêts à le recevoir. Il y aura bien des désillusions.

Le même cérémonial accompagna le départ des dix-sept convois. Les maires de Paris se rendaient à l’embarcadère, ainsi qu’une foule de badauds. « Les berges, les quais, les ponts étaient couverts d’une population immense qui ne s’élevait pas à moins de 40 000 âmes » (rapport sur le quatrième convoi). Les spectateurs allaient jusqu’à monter sur « une multitude d’embarcations pavoisées » pour accompagner le plus loin possible nos émigrants. Certains même s’embarquèrent un moment avec les colons.

Des discours enflammés et patriotiques d’un représentant de l’État exaltaient la « mission » des colons « au bénéfice de la France et de la civilisation »[19]. Pour le premier convoi ce fut le ministre de la Guerre lui-même, le général Lamoricière, qui fit un grand discours. Ensuite une personnalité ecclésiastique - monseigneur Sibour, archevêque de Paris, accompagné du clergé de Notre-Dame pour le quatrième convoi - procédait à la bénédiction du drapeau portant le nom de la commune qui allait être fondée en Algérie.

L’itinéraire

Le voyage des Parisiens allait se dérouler successivement, par canaux, sur des péniches à fond plat jusqu’à Chalons-sur-Saône, par la Saône et le Rhône sur des bateaux à vapeur, par chemin de fer d’Arles à Marseille avant d’embarquer sur des bateaux à vapeur pour les différents ports de la côte algérienne.

Cette partie du voyage en canaux se passa dans la bonne humeur malgré les conditions matérielles précaires aggravées par les intempéries, pluie et même neige puisque la traversée de la France se fit pour seize convois entre le 8 octobre et le 20 décembre. Les rapports des chirurgiens à bord dénoncent les conditions, tant de sécurité que d’hygiène, qui sont responsables de nombreux accidents et des maladies contractées par les colons.

À Marseille, les colons durent le plus souvent attendre deux ou trois jours un départ de bateau, dépensant leurs faibles ressources et couchant au lazaret sur la paille humide.

L’arrivée en Algérie

Enfin, après trois ou quatre jours de mer, embarqués sur des bateaux à vapeur et roues à aube, nos colons exténués arrivaient « à bon port ». À nouveau, une réception en grande pompe commandée par le gouverneur général devait leur « relever le moral ».

Parfois, comme pour le douzième et le treizième convoi, la réception fut accompagnée de dons généreux de la part de la population européenne d’Algérie, mais aussi des notabilités indigènes. « À voir l’empressement avec lequel on nous accueillait dans ce pays, nous croyions entrer de plain-pied dans le paradis terrestre » raconte un colon, manifestement pas un déporté[20].

Après la réception exaltante au port d’arrivée et les discours galvanisants, c’était la prise de contact brutale avec la réalité :

Point de cocotiers, ni de bananiers, des buissons, des broussailles, des aloès, des figuiers de Barbarie épars dans une campagne qui nous paraissait bien nue, l’absence d’arbres nous frappait et nous affectait sensiblement

raconte un colon de Tefeschoun[21], qui dit les déceptions des colons en apprenant que les maisons n’étaient pas construites. Nombreux furent, en effet, les convois qui arrivèrent avant même la construction des baraques et dont les colons campèrent sous la tente dans des villages dont seul le fossé d’enceinte indiquait l’emplacement.

Dans un premier temps on se contenta de distribuer 25 ares de jardin et ce n’est qu’au bout de plusieurs mois que l’achèvement des lotissements permit de distribuer, au sort, des lots de première et de seconde zone, terres couvertes de broussailles et de ce récalcitrant palmier nain que même les soldats n’arrivaient pas toujours à déraciner :

La plupart des colons se bornèrent à défricher leur jardin, attendant que l’État leur remît les deux hectares immédiatement cultivables qui leur avaient été promis. D’autres se mirent bravement à arracher les souches. D’autres enfin se croisèrent complètement les bras et vécurent sans souci sachant qu’ils avaient trois ans de nourriture assurée.[22]

On est frappé par le dénuement grandissant des colons à qui on dut remettre une petite somme quotidienne - 10 centimes - pour les achats de savon, sel et tabac. Le matériel de culture arriva tardivement. Le cheptel était insuffisant. Un bœuf par famille alors qu’« il en faut quatre pour tirer dans nos terres rouges du Sahel nos charrues les plus légères ». Les semences ne furent souvent pas fournies à temps. Dans le meilleur des cas, la récolte n’était pas vendable et la concurrence des prix des céréales cultivées par les indigènes était peu encourageante pour les colons à qui on aurait dû conseiller d’autres cultures plus spécialisées. Un certain nombre se découragèrent vite et demandèrent à être rapatriés, mais il semble que ce ne fut qu’une minorité.

Des villages en péril

Ce qui aggravait les conditions d’adaptation était le régime d’encadrement militaire que les Parisiens indépendants, au franc-parler supportaient mal. L’incompatibilité entre le caractère frondeur de certains colons et l’autoritarisme des capitaines directeurs de villages se traduisit par un certain nombre d’évictions à la fin de l’année 1849. Mais ce qui allait briser ce premier élan de la colonisation ce fut l’épidémie de peste la même année. Elle fit des ravages. L’effectif initial des colons diminua fortement. Certains villages connurent des pertes importantes.

Les conditions d’établissement des colonies avaient-elles surtout répondu à des considérations d’ordre stratégique et avait-on négligé les conditions de salubrité ? De nombreux villages ont souffert des mauvais emplacements décidés par les autorités militaires ainsi que le dit, après une tournée de contrôle en mars 1850 le général commandant la division de Constantine lui-même : « Les colonies sont généralement dans une position insalubre.[23] »

On incrimine également l’éloignement des grands centres qui fit que les villages « se sont trouvés isolés, sans communication facile ». L’absence de bois se fit aussi sentir pour la construction de nombreux villages.

Il semble donc que ce sont les considérations stratégiques qui l’ont emporté sur toutes les autres. À propos du village de Tefeschoun, un colon écrit :

Ce pauvre village a un vice de conformité dont il ne se corrigera jamais. Le Génie militaire l’a placé entre deux ravins dans une situation qui est peut-être inexpugnable, mais qui est à coup sûr fort incommode.[24]

La commission des Tuileries prévoyait la reprise des convois et l’envoi de 6 000 nouveaux colons et la construction de douze autres villages. Cependant le doute commençait à se répandre sur l’avenir des colonies. Les plaintes des colons arrivaient sur les bureaux de la commission. L’armée se répandit en amères appréciations contre ces « énervés de la capitale ».

La commission d’enquête de 1849

L’Assemblée nationale, avant de voter les crédits pour de nouvelles créations, décida d’envoyer une commission d’enquête qui visita toutes les colonies agricoles durant les mois de juillet et août 1849. Trois rapports furent établis, Louis Reybaud en rédigea deux, l’un officiel, très critique envers les colons, et l’autre secret qui semble beaucoup plus objectif vis-à-vis des colons et se rapproche de celui de son collègue Dutrone qui avait écrit un contre-rapport pour prendre la défense des colons. Nous l’avons vu, la commission interrogea, hors de la présence des directeurs, des colons qui avaient été désignés par leurs camarades dans chaque village agricole ; un grand nombre fut évincé par la suite. En droit, les colons ne pouvaient être exclus qu’au bout de trois ans et après un rapport d’un inspecteur de colonisation attestant de la non mise en culture des terres. Le journal l’Atlas put produire un certain nombre de témoignages, y compris celui d’un officier, attestant de la moralité et du sérieux de certains exclus.

L’administration militaire semblait de plus en plus hostile à cette colonisation par des civils. Pour elle, des soldats, adaptés au pays, seraient plus efficaces et surtout plus disciplinés et plus soumis. Un colon de Mondovi en vient à écrire le 3 décembre 1849 :

Le gouvernement ne voulait pas le succès des colonies. On veut nous décourager par tous les moyens possibles et lorsque, poussés à bout, nous abandonnons : vous voyez bien qu’il n’y a rien à faire avec ces gens-là.

Ce colon illustre son propos par quelques exemples dont celui-ci :

Depuis trois semaines, nous avons des bœufs de labour mais nous n’avons ni jougs, ni courroies, la saison des labours s’avance et nous ne pouvons travailler. Dans quelques jours, on répétera sur tous les tons : voyez les colons sont des paresseux, ils ont laissé leurs terres en friche. Faut-il s’étonner si le découragement est parmi nous et si un grand nombre désire retourner en France ? [25]

À la fin de 1849, les colons de tous les villages revendiquaient l’application de l’article 7 du décret du 19 septembre qui garantissait aux colonies agricoles le passage au régime civil au bout d’un an. Les officiers directeurs s’y opposaient le plus souvent au prétexte que les colons devaient encore être encadrés militairement. Les colons ne supportaient plus les abus de pouvoirs des officiers qui régnaient en maîtres dans leur colonie. Presque un tiers des colons disparaît avant fin 1850 par les décès mais aussi les départs.

La commission de colonisation décida que les douze colonies nouvelles, seraient peuplées, non plus de citadins, mais d’agriculteurs français venus des provinces de France ou mieux d’Algérie et de soldats libérés de leur service en Algérie (loi du 20 juillet 1850). Ces colons, déjà habitués au travail agricole et pour beaucoup aux conditions climatiques de l’Algérie ne réussirent ni mieux ni plus mal que les colons parisiens de 1848. Tous ont été confrontés aux difficultés inhérentes à tout début de colonisation et en particulier à une nature vierge et difficile.


[1] Yvette Katan, « Les colons de 1848 en Algérie : mythes et réalités », Revue d’histoire moderne et contemporaine, avril-juin 1984, n° 31, p. 177-202.

[2] Louis de Baudicourt, La colonisation de l’Algérie : ses éléments. Paris : Édition Challamel, 1856, p. 155.

[3] Bugeaud, « Proclamation à Alger le 22 février 1841 ». Par l’épée et par la charrue. Écrits et discours de Bugeaud. Introduction, choix de notes et notes par le général Paul Azan. Avant-propos de Charles-André Julien. Paris : PUF, 1948, p. 80.

[4] Lamoricière, Campagnes d’Afrique. Cité par Mostefa Lacheraf, L’Algérie : nation et société. Paris : Maspero, Cahiers libres, n° 76-72, 1965.

[5] Cité par M. Lacheraf, op. cit., p. 71.

[6] Yvonne Turin, « Enfants trouvés, colonisation et utopie ». Revue historique, oct.-déc. 1970, p. 329-357.

[7] Archives nationales, Aix-en-Provence (ANAP), F 80. 1343.

[8Ibid.

[9] ANAP, F 80. 1314.

[10] ANAP, F 80. 1792. Rapport de la commission de colonisation de 1849.

[11] ANAP, F 80. 1324. Le terme d’« émigrant » fut banni « afin d’effacer des esprits toute pensée d’expatriation, car l’Algérie est une terre française ».

[12] ANAP, F 80. 1325.

[13] Archives de la préfecture de la Seine, série VD6. 717.

[14] Archives de la préfecture de la Seine, série VD6.171.

[15] Norbert Truquin, Mémoires et aventures d’un prolétaire.1833-1877. Paris : Tautin, 1974.

[16] ANAP, F 80. 1314.

[17] Voir l’inventaire de la malle d’un franc-maçon qui montre une garde-robe bourgeoise (ANAP, F 80. 1312), ou les mémoires d’un colon de 1848 recueillis par le journaliste Maxime Rasteil (Le calvaire des colons de 1848. Paris : Éditions Eugène Figuiere, 1930).

[18] Preuve supplémentaire, s’il en était besoin, de leur liberté.

[19] ANAP, F 80. 1324.

[20] Cité par Paul Blanc, « La vie d’un colon ». Journal des colons, 1864.

[21Ibid., p. 50.

[22] Paul Garcia, Une vie de colon. Alger, 1874, p. 54.

[23] ANAP, F 80. 1324.

[24] P. Garcia, op. cit, p. 55.

[25Ibid.


Citer cet article :
Yvette Katan, «  Les colons de 1848, des proscrits ? Un mythe tenace et récurent  », colloque Pour une histoire critique et citoyenne. Le cas de l’histoire franco-algérienne, 20-22 juin 2006, Lyon, ENS LSH, 2007, http://ens-web3.ens-lsh.fr/colloques/france-algerie/communication.php3?id_article=247